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L'Arbre Père, un au revoir poétique peint par la puissance des émotions et du souvenir, par AA78

Dernière mise à jour : 21 mars


Hommage au père de l’artiste, à la fois figure symbolique et moyen de guérison, cette œuvre a naturellement pris sa place dans sa série des "Arbres Trans-Générationnels".


L'Arbre Père, par AA78 artiste plastcienne. Peinture et tecniques graphiques mixtes, toile sur châssis, 200 x 60 cm

"Tous les silences ne font pas le même bruit." (Baptiste Beaulieu)

Dans le silence de l’atelier de AA78 est né un tableau qui transcende les simples coups de pinceau et les pigments. Il ne s’agit pas simplement d’une œuvre d’art mais d’un hommage sincère : une symphonie visuelle composée à la mémoire aimante d’un père disparu. Devant cet arbre, laissez-vous entraîner dans ses bras, ressentez l'intensité de ses couleurs et la profondeur de ses émotions. Car derrière ces traits se cache un récit, une histoire de souvenir et de révérence, tissée de fils d’amour et de perte.

Au-delà de sa beauté, cette peinture est un vaisseau de guérison, un conduit pour le chagrin transformé en art. Car dans l'acte de création, l'artiste a offert non seulement un hommage au défunt mais aussi un présent à ceux qui restent - un rappel que même si la présence physique peut s'estomper, l'esprit perdure, à jamais inscrit dans le cœur.

Cet arbre porte en lui une dimension universelle, bien qu’il soit né d’une blessure propre à l’artiste : il est un père, il est tous les pères. Face à ce tableau, qui nous dépasse par ses dimensions afin de nous inviter à communier avec lui, chaque spectateur peut entendre un message murmuré.



L'arbre père : un hommage poétique


Au cœur de l’île peinte par AA78, là où le temps chuchote à travers les feuilles et disparaît dans les flots paisibles, se dresse l'Arbre Père. Cette sentinelle de l'étreinte de la nature abrite désormais l’âme du défunt. Ses racines s'enfoncent profondément dans la terre, ancrant la sagesse des âges, tandis que ses branches s'étendent vers le ciel, avec une révérence silencieuse. L’île elle-même semble flotter tel un bulbe géant inversé, plongeant dans des profondeurs insondables.

De stature majestueuse, l’Arbre Père veille. Son tronc, altéré par le passage d'innombrables saisons, porte les cicatrices des batailles gagnées et perdues, témoignage de résilience et de force. Mousses et lichens ornent son écorce comme des joyaux, tissant des histoires d'harmonie symbiotique avec les créatures de la nature.

Ses feuilles d'émeraude s’en sont allées, mais il se déploie tel un sanctuaire : un refuge où l’on peut se recueillir, une scène pour la danse de la lumière et de l'ombre. Dans cette lumière du soleil crépusculaire, les murmures de la sagesse ancienne résonnent à travers ses branches, invitant les âmes fatiguées à trouver du réconfort.

Mais au-delà de sa présence physique, l’Arbre Père incarne une quête plus profonde pour l’artiste : il est un symbole de continuité et d’interconnexion dans la toile de la vie. De ses racines à sa couronne, chaque fibre de son être palpite au rythme de la création, témoin discret du flux du temps.

Alors, arrêtons-nous devant l’Arbre Père, symbole de résilience et de guérison dans un au revoir poétique peint par la puissance des émotions et du souvenir. Car dans sa présence, nous trouvons un miroir de notre propre humanité – un rappel de notre place dans la tapisserie complexe de l’existence.


« Je peins et je dessine tout ce qui me donne une émotion forte et répétitive. Mes créations, faites dans un moment quasi sacré et ritualisé, me donnent ensuite des réponses. C’est un voyage intérieur. Elle me permettent de sonder mon inconscient. 
Pour moi l’Art est une source d’apprentissage, un outil de connaissance de soi et d’accomplissement. »


L'Arbre Père dans l'Atelier de AA78, artiste plasticienne


Une œuvre inspirée de « l’île des Morts » (Die Toteninsel) d’Arnold Böcklin


« Ce tableau de Böcklin m’a fascinée, ainsi que son histoire. 
Parallèlement j’avais commencé la série des Arbres Trans-Générationnels. 
J’étais justement sur le point de faire « L’Arbre Père », cette référence a pris tout son sens. »

Arnold Böcklin (1827-1901) est un peintre phare du mouvement Symboliste qui défend lʼidée que le monde ne peut pas uniquement être compris par la connaissance rationnelle. Il existe cinq versions du tableau. La première a été réalisée lorsqu’il avait cinquante-trois ans, ce nʼest donc pas une œuvre de jeunesse. L’île nous place face à une question grave, source de tristesse, qu’est la mort. Cependant l’œuvre de Böcklin laisse à voir une vision paisible, tout en étant plus ou moins sombre selon les versions. Dans son tableau, la mer est calme. Autour de lʼile on ne trouve que du ciel et de lʼocéan, les deux seules choses dans la nature où le regard peut sʼengouffrer à perte de vue. On peut être frappé par un sentiment de solitude et dʼinfini.

Une île est coupée du monde. Elle peut être est à la fois une utopie ou une prison. Ici, cʼest une île pour les défunts, un endroit où lʼon vient enterrer un être aimé pour lui offrir une dernière demeure, protégée du monde extérieur.


Sur le tableau de Böcklin, il y a une barque se dirigeant vers lʼîle. Le spectateur regarde dans le même sens que lʼembarcation, il se trouve en quelque sorte passager sur la barque lui aussi. Elle peut évoquer également le passeur dʼâme. Les tombeaux présents sur lʼile de Böcklin ont disparu dans la version de AA78, car « J’aime à croire que mon père est désormais omniprésent, dans la Nature et l’Univers. » 


Les cyprès (arbres des cimetières), forment une gigantesque masse sombre aspirant le regard dans le centre du tableau de Böcklin, rappelant les ténèbres. AA78 a choisi de faire une version moins obscure car elle voulait « son île » accueillante, la mort n’étant à ses yeux qu’un passage vers quelque chose de plus grand et plus lumineux.

Un grand nombre dʼartistes peintres, sculpteurs, art numérique et installations, ont fait leur propre version de lʼIle des morts : Dali, Beksinski, Giger, etc. Ou encore de nombreux clins d’œil à l’œuvre de Böcklin : en architecture, en littérature, en bande-dessinée, en danse, au cinéma, en musique, en poésie et au théâtre.


"L'île des morts", version n°3, par Arnold Böcklin — [1], Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1169897

« Sʼintéresser à lʼÎle, cʼest dire que la mort nʼest pas la fin 
et quelque-chose de plus profond et plus mystérieux nous attend. 

Parmi les dizaines d’œuvres qui reproduisent ou citent lʼîle, il faut distinguer deux groupes : 
certains artistes reproduisent lʼîle comme un exercice amoureux, un hommage à une œuvre qu’ils chérissent. Citer une œuvre, cʼest dire quʼelle a continué une porte dʼentrée vers une certaine vision de lʼArt. Dʼautres fois, on en livre une vision alternative, en changeant certains éléments. Cʼest parfois pour en offrir une vision décalée, mais souvent pour accentuer le malaise de lʼendroit. 

La toile de Böcklin a été ré-imaginée sous toutes les coutures, tous les espaces-temps. De son vivant, Böcklin lui-même a montré une sorte de fascination pour sa propre toile, en créant cinq versions. Comme pour affirmer dʼemblée que cette représentation nʼavait pas de forme figée, définitive. 

Ces cinq versions sont en quelque sorte une invitation à ce que chacun imagine la sienne. 
On ressent que l‘ile agit comme un appel, pour celles et ceux qui veulent entendre, 
que cʼest un lieu qu’on peut atteindre à coup de création. »

Quentin Boëton, alias ALT236 (auteur, artiste et cinéaste), 
dans son documentaire dédié à « lʼile des morts ». Extraits.



Les Pensées VéGestatives


Les Arbres Trans-Générationnels font partie d’une série « Les Pensées VéGestatives ». Ensemble de onze œuvres : peintures, sculpture, et art numérique, ils ont occupé tout l’univers créatif de AA78 durant plusieurs mois. 

Ils sont nés d’un questionnement sur ce qui prend racine en nous, sans jamais pourtant nous appartenir: notre héritage familial. Ils sont comme des portraits symboliques incarnés par la figure de l’arbre, qui s’est imposée à elle comme un Être essentiel, originel, incarnant des pensées et des émotions ancrées.


L'Arbre Père exposé à l'Espace Éphémère des Arts Audois en 2023 (à gauche) et à la galerie Artcassonne en 2024 (à droite)
L'Arbre Père exposé à l'Espace Éphémère des Arts Audois en 2023 (à gauche) et à la galerie Artcassonne en 2024 (à droite)


Retrouvez l'intégralité de la série des Arbres Trans-Générationnels





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